đŠ© Safari amoureux : rencontre avec le Florianus Psychotherapeuticus
Observation dâun spĂ©cimen rare en terrain hostile : le date au restaurant Ă volontĂ©.
Tu as rencontrĂ© Florian vendredi soir sur Happen et les choses ont vite pris une tournure surprenante. Beaucoup de points communs, une discussion qui sâinstalle naturellement⊠surtout autour de sa profession : Florian est psychothĂ©rapeute.
Son profil est, il faut lâadmettre, assez sĂ©duisant :
5 photos prises sans effort de cadrage façon influenceur Instagram. đž
Aucun selfie dans la salle de bain.
Pas de photo torse nu pour exhiber des abdos (NDLR : Messieurs, vraiment, ça nâintĂ©resse personne đȘđ«).
Florian est simple, naturel, presque brut de dĂ©coffrage â et ça fait un bien fou. Cerise sur le surmoi (pardonnez le jeu de mots), une biographie sans faute dâorthographe, mystĂ©rieuse juste ce quâil faut, loin des descriptifs bateau du style âjâaime la nature, les voyages et les apĂ©ros entre amisâ.
Bref : joli garçon, esprit affĂ»té⊠le swipe Ă droite sâimposait. đ
Florian mĂšne une vie trĂ©pidante : psychothĂ©rapeute, donc au chevet des Ăąmes cabossĂ©es. Mais aussi auteur, confĂ©rencier itinĂ©rant, apĂŽtre moderne de la santĂ© mentale. Son crĂ©neau ? Les troubles alimentaires. Rien que ça. Mince, soignĂ©, Ă lâhygiĂšne de vie impeccable, Florian est le parfait ambassadeur de son discours. On appelle ça du branding. Lui prĂ©fĂšre dire quâil est sincĂšre.
Pour fĂȘter la parution de son troisiĂšme ouvrage â Lâintestin, notre deuxiĂšme cerveau, bientĂŽt traduit en espagnol (olĂ© !) â tu proposes un dĂźner au restaurant. Direction un âAll you can eat Sushiâ. Mais dĂšs lâentrĂ©e, Florian fait la moue : il peste contre cette manie française de cĂ©lĂ©brer systĂ©matiquement en mangeant. Toi, tu trempes tes makis saumon-mayo dans une sauce teriyaki sucrĂ©e đŁ, lui, tu le sens dĂ©jĂ sombrer dans une humeur saumĂątre.
Tu tentes alors la seule diversion possible : parler de lui. Sauvetage rĂ©ussi, Florian sâanime, explique quâil prĂ©pare une association avec un grand ponte de la diĂ©tĂ©tique. Tout semble rentrer dans lâordre.
JusquâĂ lâarrivĂ©e de la serveuse.
âEt voici vos Dragon Rolls, panĂ©s, sucrĂ©s, nappĂ©s, et surtout gĂ©nĂ©reusement fourrĂ©s de trois couches de fromage.â
Ă cette annonce, le spĂ©cimen flanche. Sa respiration se fait haletante, son teint vire Ă lâalgue nori. Le spectateur assiste alors, mĂ©dusĂ©, Ă une scĂšne rare : un malaise vagal dĂ©clenchĂ© non par la nourriture, mais par la description diĂ©tĂ©tique dudit plat. đ”
Le Florianus Psychotherapeuticus, pris au piĂšge de son environnement, vacille⊠et nous rappelle que, parfois, le sushi nâest pas un alliĂ© de la santĂ© mentale.
đĄ Mon bilan du Florianus Psychotherapeuticus
Points positifs :
Un profil qui respire la simplicitĂ© (pas de selfies de salle de bain, pas de biceps huilĂ©s : un vrai soulagement đ).
Une écriture propre, sans faute, qui donne envie de creuser (et qui, mine de rien, fait déjà la différence).
Une sincĂ©ritĂ© palpable, on sent quâil croit Ă ce quâil raconte â et ça, câest rare sur ces applis.
Points négatifs :
Une rigiditĂ© diĂ©tĂ©tique : si le sushi nâest pas âpurâ, il sâeffondre presque comme un chĂąteau de cartes. đŁ
Une tendance Ă se regarder un peu trop dans le miroir de son propre sacerdoce. Le sujet âluiâ revient vite au centre de la table.
Une incapacitĂ© chronique Ă juste profiter : tout doit avoir un sens, un branding, un message⊠mĂȘme un dĂźner.