Alex Express

Si vous souhaitez vous rendre à Paris, deux options s’offrent à vous : le TGV ou le train régional. Dans le premier cas, depuis Lyon, vous en avez pour deux heures ; dans le second, pour six. Pour voyager, rien de mieux que le TGV. Mais en amour, la voie rapide n’a jamais garanti la victoire. 🚄

Quand vous rencontrez Alex, c’est pourtant très vite l’amour au premier regard… ou plutôt au premier mini-message. Rappelons-le : nous sommes sur une appli de rencontres. Alex Express est romantique, tout sauf pragmatique. Il a tout vu, tout aimé, et s’en inspire : Quand Harry rencontre Sally, Coup de foudre à Notting Hill. Il aime Woody Allen et Julia Roberts.

Les messages sont fluides, naturels, pertinents. Alex sait quand répondre, et quoi répondre, sans doute grâce à sa culture cinématographique un peu trop “à l’eau de rose”. Il manie les mots comme un chef ses sauces : avec assurance et un certain panache 🍷.

La familiarité immédiate de nos échanges me surprend agréablement. Nous découvrons des passions communes, des projets semblables… et échangeons nos 06. Les conversations deviennent plus vivantes encore avec des vocaux et quelques photos personnelles.

Tout est parfait, et je me sens déjà attachée à Alex Express, impatiente de ses messages. Il a noté que je vivais à un kilomètre de chez lui — “un signe du destin” selon lui, un simple effet de géolocalisation selon moi 📍. Alors, un soir d’août où je n’avais rien de prévu, je l’ai invité à passer.

La rencontre est aussi simple que nos messages. J’ai l’impression de le connaître depuis toujours. Presque trop.

Alex raconte des anecdotes, certaines drôles (son arrivée à Lyon deux mois plus tôt), d’autres tristes (sa femme partie après dix ans de mariage avec l’homme qui la trompait déjà). On est quelque part entre Zola et La Famille formidable.

Il a de l’humour, s’intéresse à moi, à mes amis, à mes enfants. C’est sa clé pour entrer dans ma vie et s’y rendre attachant.

Très vite, il avoue être agréablement surpris par notre rencontre. Dès le premier soir, il laisse entendre qu’il se découvre des sentiments. Il veut une relation sérieuse, pas une “histoire d’un soir”. Alex est un peu vieille école, et refuse de voir l’amour comme un produit de consommation. Son cœur a souffert, et il le dit.

Nous dormons ensemble… ou plutôt, nous ne dormons pas. Comme deux gamins en colonie, nous passons la nuit à discuter.

À ce moment-là, c’est un peu comme un amour d’été : quand on est heureux et serein, on se dit qu’il faut accepter sans trop se poser de questions. Même si, au fond, une petite voix me souffle : “C’est étrange. Prudence.”

Alex Express ne repartira quasiment pas de chez moi, sauf pour recevoir un collègue le 15 août et lui annoncer une promotion professionnelle.

Je sors à peine de l’histoire, en état semi-lucide. Grâce à Hector, mon esprit est désormais entraîné à reconnaître cette frange mythomane de la population masculine. Mais je le laisse faire, car j’ai besoin de solitude. Passer du statut de célibataire à celui de “couple” sans étape intermédiaire, c’est… surprenant.

Étonnée aussi de passer 24 heures entières avec un homme rencontré la veille, et de le voir trouver ça parfaitement normal.

À peine le collègue reparti, Alex m’invite chez lui. Et c’est ainsi que commence notre histoire. On ne se quitte plus, on fait mille activités ensemble. Cerise sur le gâteau, Alex a de l’initiative, une moto, et des idées. Rare, dans mon écosystème Tinder.

Il va même jusqu’à proposer des vacances en Espagne. Le premier jour est merveilleux, hyper intense : nous ne nous quittons pas une seule seconde. Le bonheur simple 🌞.

Le deuxième jour, une panne de voiture aurait dû m’alerter. Batterie HS, sur un modèle récent et haut de gamme. Il appelle l’assistance, le véhicule est remorqué. Problème réglé, en théorie. Mais Alex est anormalement stressé. Moi, je dédramatise. Lui pas.

Nous logeons dans un complexe all inclusive, loin du parking. Je propose d’aller dîner dehors. Gêné, Alex veut régler l’addition pour s’excuser. Mais sa carte est refusée. Je paie les tapas et la sangria. Le comble ? Il fait la gueule.

Le reste du voyage (trois jours seulement) est en demi-teinte : absent, taciturne, souvent au téléphone avec Peugeot. Sa voiture refuse obstinément de rester en vie plus de quinze minutes sans bouger.

Il jure que le véhicule sort du concessionnaire, qu’il a eu un contrôle complet le mois précédent.

Au retour à Lyon, six heures de silence complet. Je me dis que l’idylle du 15 août est terminée. Pas de drame, juste une petite déception.

Arrivés à bon port, Alex envoie un texto d’excuse. Toujours charmant, toujours beau garçon. Je décide de pardonner. Après tout, on fait tous des erreurs.

Mais les semaines suivantes confirment la tendance : CB périmées, recommandés qui s’empilent comme une installation d’art contemporain, et un frigo vide dont l’unique locataire est un camembert dur comme une brique 🧀.

Bref, Alex vit dans une économie parallèle : l’économie de la panne, du “désolé ça ne passe pas”, du “je t’invite mais… tu payes”. Une sorte de love story en mode freemium, où j’avais visiblement pris l’abonnement premium sans le savoir.

Alors, une courbe s’inverse dans ma tête. Plus je règle l’addition, moins je suis attachée à Alex Express. Et inversement proportionnelle à ma patience.

Car si en amour on dit souvent que “quand on aime, on ne compte pas”, je confirme qu’à force de compter… j’ai arrêté d’aimer. 💔

🚄 Fiche express — Alex Express

✅ Ses atouts

  • 💬 Messages fluides, pertinents et pleins de références ciné

  • 🌟 Romantique old school, il croit encore au grand amour

  • 🏍️ Plein d’initiatives : sorties, voyages, moto, projets à deux

❌ Ses failles

  • 💳 CB capricieuse et additions qui tombent toujours sur vous

  • 🧀 Frigo minimaliste (spécimen observé avec un camembert solitaire)

  • 🕒 Vitesse excessive : passe du premier message au “couple fusionnel” en 24

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