đ« Amandine ou le mirage de soi par CĂ©dricâ Swipe Stories
Le match đ
Amandine a 35 ans et ne craint pas de vieillir.
Elle a ce genre de beautĂ© rare quâon ne remarque quâune fois quâil est trop tard â ce sourire qui accroche, ce regard rieur qui dĂ©sarme.
Sur Bumble, son profil est une petite Ćuvre dâart : texte finement tournĂ©, passions bien dosĂ©es, photos lumineuses.
Tout y semble vrai, tout y respire lâĂ©quilibre et la grĂące. âš
Et moi, CĂ©dric, 30 ans, jâĂ©change depuis trois semaines avec cette apparition numĂ©rique. Des messages doux, rieurs, un ton juste. Le genre de conversation qui fait naĂźtre lâidĂ©e folle quâil pourrait se passer quelque chose.
Alors un vendredi, je saute le pas : âUn cafĂ© place des Terreaux ?â
Elle accepte. â
La rencontre đ
19h. Lyon bruisse, les terrasses débordent.
19h10 : personne.
19h15 : toujours rien.
Je vĂ©rifie mon tĂ©lĂ©phone dix fois par minute, Ă la limite du ridicule. đ±
Et soudain, une voix mâappelle dans le brouhaha :
â Salut CĂ©dric, câest moi, Amandine !
Je me retourne.
Et là ⊠je comprends.
Câest bien elle, mais pas celle de Bumble.
Les photos dataient. Plus dâun an. Peut-ĂȘtre deux.
Elle sâassoit, commande un verre, parle beaucoup. Et moi, je me tais. JâĂ©coute, un peu dĂ©stabilisĂ©.
Elle mâexplique quâĂ cause dâun problĂšme de santĂ©, elle a pris du poids, quâelle nâa pas eu la force de refaire des photos.
âDans ma tĂȘte, je suis encore comme sur ces imagesâ, dit-elle doucement.
La vĂ©ritĂ© đ
Ce nâest pas son corps qui me dĂ©range.
Câest le dĂ©calage.
Parce quâen vĂ©ritĂ©, jâaime les femmes rondes.
Mais je dĂ©teste les mensonges, surtout ceux quâon se raconte Ă soi-mĂȘme.
On finit nos verres. On se quitte poliment.
Je rentre avec ce sentiment Ă©trange dâavoir rencontrĂ© une inconnue familiĂšre.
Amandine nâa pas menti pour sĂ©duire.
Elle a menti pour continuer dâexister comme avant.
Et peut-ĂȘtre que câest ça, le drame silencieux des applis :
on ne triche pas toujours pour plaire aux autres,
on triche pour retarder le moment oĂč il faudra se revoir vraiment.